Reconfinement : les coiffeurs dans l’attente d’une décision claire
Ils étaient fermés pendant les deux confinements mais devraient être autorisés à rester ouverts cette fois-ci, a annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. En attendant le décret qui entérine cette décision, les salons de coiffure continuent à accueillir leurs clients. Les salons esthétiques, eux, demeurent dans l’expectative.
Les salons de coiffure désormais considérés comme des commerces essentiels ? C’est ce qu’à laissé entendre le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal ce vendredi 19 mars. Invité de la matinale de la radio RTL, il a annoncé qu’ “un décret va être présenté qui indiquera quels sont les lieux et les commerces qui peuvent rester ouverts et ceux qui doivent fermer. Il indiquera pour la question des coiffeurs qu'ils peuvent rester ouverts”. Le porte-parole clarifiait ainsi les conditions du reconfinement de seize départements en France métropolitaine, annoncé par le Premier ministre Jean Castex jeudi.
Satisfaction et scepticisme chez les professionnels
Fermés lors du confinement du printemps dernier, les salons de coiffure avaient dû attendre jusqu'au 11 mai dernier pour pouvoir rouvrir. De même en automne, ils ne faisaient pas partie des commerces "essentiels" autorisés à poursuivre leur activité.
Aujourd'hui, les professionnels du secteur pourraient bénéficier d’une dérogation. “C’est une belle et vraie victoire pour notre métier, nous sommes reconnus”, affirme Christophe Doré, président de l’UNEC (l’Union nationale des entreprises de coiffure, le principal représentant syndical des coiffeurs en France) dans une vidéo publiée sur Facebook et enregistrée juste après les annonces de Jean Castex. “On a très mal pris le fait d’être considéré comme des commerces "non essentiels", donc cette fois on est quand même soulagés”, abonde Coralie Van Gansen. Pour la gérante d'un salon de coiffure situé au centre-ville de Lille (Nord), cette décision “est une bonne nouvelle”.
Quelques mètres plus loin, sur le même trottoir, dans un autre salon de coiffure, les avis sont plus partagés. “Vous êtes vraiment sûrs qu’on peut rester ouverts ? Parce que ça fait un an que je suis dans l’incertitude et là, j’en ai assez”, lâche Guillaume Hus, propriétaire du salon depuis douze ans. Pour ce commerçant lillois, pas question de crier victoire avant la parution du décret ministériel qui doit lister les établissements autorisés à ouvrir. “Ça doit paraître plus tard ou demain, on n’en sait rien, on comprend rien, il faut juste attendre une décision claire”, ajoute le propriétaire, désabusé.
Les professionnels de la coiffure craignent de nouvelles mesures qui conditionneraient l’ouverture de leurs établissements. Pour l’heure, l’UNEC appelle au maintien des protocoles sanitaires dans les salons. “Hier soir, nous fermions, et ce matin, le porte-parole du gouvernement nous annonce que nous restons ouverts… Restons sur nos gardes et regardons dans quelles conditions, je travaille sur ce sujet”, a précisé Christophe Doré.
Vers de nouveaux protocoles sanitaires ?
Si Guillaume Hus semble désemparé, c’est parce qu'après chaque confinement, il a dû mettre en place, tout comme ses confrères, un protocole sanitaire strict pour accueillir ses clients. Un protocole qui a un coût humain et financier. Jauges limitant le nombre de personnes présentes dans l'établissement au même moment, désinfection entre chaque client, nouvelle lame pour chaque coupe, aération régulière,... "Pour respecter les jauges, on déplace tout le temps les rendez-vous, je préviens la veille pour le lendemain les gars pour qu’ils sachent s’ils travaillent ou pas…”, détaille le commerçant. “Ici, tout le monde porte un masque, même si moi je ne le garde pas tout le temps parce qu’à la longue, c’est insupportable”.
Le gouvernement, de son côté, a expliqué que l’ouverture des salons de coiffure devrait être soumise à “un protocole sanitaire particulier”, sans pour autant préciser les contours dudit protocole.
Les salons esthétiques, eux, restent fermés
“Pourquoi les coiffeurs et pas les esthéticiennes ?”, questionne de son côté la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté (CNAIBS). Et pour cause : contrairement aux salons de coiffure, aucune consigne n’a été donnée concernant les établissements esthétiques situés dans les zones confinées dès ce vendredi soir minuit.
“Nous aurons une [réponse] dans la journée. Une liste de professions sera dans le nouveau décret… Mais attention, les jauges et les protocoles pourraient être revus…”, a fait savoir dans un communiqué la CNAIBS, qui juge la décision incompréhensible.
Lauriane Nembrot