Oxfam dénonce la responsabilité des entreprises françaises dans le réchauffement climatique

L'empreinte carbone des grandes entreprises françaises dépassent les objectifs de l'Accord de Paris. Photos : Juergen PM

L'empreinte carbone des grandes entreprises françaises, et notamment des banques, est épinglée par un rapport d'Oxfam France. Selon les calculs de l'ONG, le niveau des émissions du CAC 40 dépasse largement les objectifs fixés en 2015 par l'Accord de Paris.

Un nouveau rapport d'Oxfam France, publié ce mardi 2 mars, souligne la responsabilité des grandes entreprises françaises dans le réchauffement climatique. “Le niveau d'émissions du CAC 40 nous conduit tout droit vers un réchauffement climatique de + 3,5°C d'ici 2100”, estime l'ONG qui regrette que ces perspectives aillent “bien au-delà de l'objectif de 1,5°C inscrit dans l'Accord de Paris”. Cet accord international, trouvé en 2015 à l’issue de la COP21, vise à limiter la montée des températures à 2°C par rapport aux niveaux antérieurs à la révolution industrielle.

Parmi les trente-cinq entreprises françaises ciblées par le rapport, on retrouve de nombreuses banques, ou encore l'entreprise d'aéronautique Airbus qui “émet 66 fois plus de gaz à effet de serre que la SNCF pour générer un euro de chiffre d'affaires”, souligne Oxfam. L'ONG demande d'intégrer dans le projet de loi “Climat et Résilience”, débattu en ce moment au Parlement, l'obligation pour les entreprises de publier leur empreinte carbone.

Effets d'annonce des entreprises

“Aucun secteur d'activité n'est aligné avec l'Accord de Paris”, se désole Oxfam. Sur les trente-cinq entreprises étudiées dans le rapport, les activités de dix d'entre elles, dont trois banques (BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole), “ont une trajectoire associée à un réchauffement supérieur à + 4°C”, d'ici à 2100.

Seules EDF, Schneider Electric et Legrand “ont une empreinte carbone et des engagements susceptibles de les faire rester dans une trajectoire compatible avec un réchauffement inférieur à 2°C”, constate Oxfam. Alors que l'ONG réclame des changements urgents, elle pointe des “effets d'annonce” de la part de la plupart des entreprises françaises sans réelle “volonté de faire bouger les lignes”.

“Des comparaisons qui ne font aucun sens”

L'étude d'Oxfam France a mesuré les “émissions directes” des entreprises, celles liées à leur "consommation d'électricité ou de chaleur" et leurs "émissions indirectes". Cette dernière catégorie est remise en cause par les entreprises concernées qui regrettent le biais méthodologique de la société Carbon4 Finance, missionnée par l'ONG.

Dans un droit de réponse, une dizaine d'entreprises jugent que la prise en compte de leurs “émissions indirectes”, générées en amont et en aval de leur activité, mine la légitimité scientifique de l'enquête. BNP Paribas critique des “comparaisons qui ne font aucun sens” et dénonce l'utilisation de chiffres qui lui attribuent “l'empreinte climatique correspondant à l'ensemble des entreprises auxquelles elle fait crédit, et la compare à l'empreinte carbone de ces différentes entreprises”.

Malgré ces pinaillages de comptable, le rôle des grandes entreprises dans l'émission de gaz carbonique est indéniable. Le rapport d'Oxfam demande au gouvernement d'encadrer leur transition écologique pour limiter les conséquences néfastes de leurs activités sur l'environnement. Une augmentation de 4°C d'ici 2100 provoquerait une augmentation de 40 % du nombre de feux de forêt en France. En région parisienne, les vagues de chaleur pourraient s'étendre de vingt-et-un à quatre-vingt-quatorze jours, contre sept aujourd'hui.

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