Nettoyage ethnique au Tigré : le pouvoir rejette l'accusation
Le ministère des Affaires étrangères éthiopien a rejeté ce samedi 13 mars les accusations de nettoyage ethnique au Tigré formulées par la diplomatie américaine mercredi, les qualifiant de "complètement infondées et fallacieuses."
Dans un communiqué de presse paru ce samedi 13 mars, le ministère des Affaires étrangères éthiopien a réfuté les accusation de nettoyage ethnique émises par la diplomatie américaine mercredi. "Les allégations, ou plutôt les véritables accusations, de nettoyage ethnique des Tigréens (faites) par le secrétaire d'État américain Antony J. Blinken lors de son témoignage devant le comité de la Chambre des Affaires étrangères le 10 mars 2021, est un jugement complètement infondé et fallacieux envers le gouvernement éthiopien", déclare le ministère.
"Rien, pendant ou après la fin de la principale opération de maintien de l'ordre au Tigré, ne peut être identifié ou défini d'aucune manière comme un nettoyage ethnique ciblé, intentionnel, contre quiconque dans la région. C'est pourquoi le gouvernement éthiopien s'oppose vigoureusement à de telles accusations", poursuit le communiqué.
Des rapports accablants
Il y a quatre mois, le Premier Ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, a lancé une opération militaire dans cette région au nord du pays, à la frontière avec l'Érythrée, pour renverser les autorités du parti au pouvoir dans cette région, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), dont il accusait les forces d'avoir attaqué des bases de l'armée fédérale.
Le 26 février, deux rapports, l'un d'Amnesty International et l'autre du gouvernement américain, sont parus et décrivent des crimes commis dans la région du Tigré. Paru dans le New York Times, le rapport américain établit que "responsables éthiopiens et des miliciens alliés mènent une campagne systématique de nettoyage ethnique au Tigré." Même constat chez Amnesty International qui affirme que des troupes érythréennes alliées à l’armée fédérale éthiopienne "ont tué de manière systématique des centaines de civils non armés dans la ville d’Aksoum, située dans le nord du pays, les 28 et 29 novembre 2020, ouvrant le feu dans les rues et fouillant toutes les maisons, lors d’un massacre qui s’apparente à un crime contre l’humanité."
Enquête de l'ONU
Le 4 mars, Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a demandé une enquête sur de possibles "crimes de guerre et crimes contre l'humanité". Le bureau de la Haute-Commissaire a notamment "réussi à corroborer des informations sur certains incidents survenus en novembre de l'année dernière, indiquant des bombardements aveugles dans les villes de Mekele, Humera et Adigrat dans la région du Tigré."