Les vaccins réduisent la transmission du Covid-19, affirment des premières études
La lenteur de la vaccination chez les professionnels de santé inquiète Olivier Véran. Dans une lettre publiée le 5 mars, le ministre souligne l'effectivité des vaccins contre la transmission du virus, ce qui n'a encore jamais été admis avec certitude par la communauté scientifique. Mais des premières études confirment que les vaccins Pfizer et AstraZeneca sont efficaces contre la contagion.
Dans sa lettre adressée aux soignants le 5 mars et publiée sur Twitter, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, regrette la lenteur de la vaccination du personnel des Ehpad et des établissements de santé, qu'il attribue à leur méfiance vis-à-vis des vaccins. "Aujourd'hui près de 40% des personnels des Ehpad et 30% des personnels des établissements de santé sont vaccinés. C'est un chiffre encourageant, mais qui ne progresse que trop peu. Cela ne suffit pas, alors même que des stocks de vaccins AstraZeneca sont encore disponibles dans la plupart des établissements", écrit Olivier Véran.
La vaccination des professionnels de la santé n'a toujours pas été rendue obligatoire par le gouvernement qui craint l'hostilité d'une partie de la population française à cette mesure et connait la popularité des mouvements anti-vaccins dans l'opinion publique. Cette méfiance est illustrée par le nombre de commentaires répondant à la lettre du ministre. Une phrase concentre particulièrement les critiques : "Comme vous le savez, et même si les données ne sont pas stabilisées, il existe une possibilité réelle que la vaccination réduise la contagiosité et qu'ainsi un soignant qui se vaccine se protège lui-même, mais également protège ses patients, ou les résidents de l'Ehpad où il travaille."
"Vous admettez que l'on ne sait pas si ces 'vaccins' réduisent les contaminations et que vous mentez ouvertement en parlant de protection des autres", répond un militant anti-vaccin sur Twitter. Si le ministre prend des précautions de langage concernant l'efficacité des vaccins pour réduire la contagion, c'est en réalité parce que les études scientifiques concernant le vaccin AstraZeneca sont toujours en cours de réalisation. Selon les premiers résultats de plusieurs recherches réalisées en Écosse et en Israël sur le vaccin Pfizer, ou en Angleterre sur le vaccin AstraZeneca, la probabilité que les vaccins soient effectivement efficaces contre la transmission du virus est très forte.
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90% d'efficacité pour Pfizer et AstraZeneca
Les vaccins dits "stérilisants", c'est-à-dire ceux qui empêchent totalement à un virus de pénétrer un organisme, sont rares. La plupart des vaccins protègent seulement contre l'apparition de symptômes et des formes graves sans garantir l'absence d'infection asymptomatique. Mais une étude de la revue scientifique The New England Journal of Medicine menée sur 1,2 million de personnes, démontre que le vaccin Pfizer est efficace à hauteur de 90% après la seconde injection pour contrer les infections. Une étude menée par le ministère de la Santé israélien trouve des résultats comparables rapporte Reuters.
Les études sur le vaccin AstraZeneca sont encore en cours. L'université d'Oxford a déjà réalisé une analyse conduite par le chercheur Andrez Pollard. Interviewé par la BBC, celui-ci affirme que l'efficacité du vaccin sur les transmissions grimperait à 82% après la seconde injection, selon les premiers résultats. Ils doivent encore être validés par une publication dans une revue scientifique pour être utilisée officiellement.
Encore un effort pour les soignants
Cette subtilité explique la prudence du ministre Olivier Véran. Elle démontre plutôt un sens de l'exactitude et un respect pour le processus de la validation scientifique qu'un aveu d'incertitude. En plus d'être une protection pour les soignants directement exposés au virus sur leur lieu de travail, la vaccination des professionnels de santé sert aussi à réduire les transmissions dans le cadre des structures hospitalières ou en Ehpad, où de nombreux cas de contaminations sont régulièrement détectés par Santé Publique France.
D'autres voix regrettent cependant que la parole ministérielle pointe du doigt la responsabilité des soignants dans la situation sanitaire, alors qu'ils luttent depuis plus d'un an contre "la plus grande pandémie de l'histoire contemporaine", selon les mots d'Olivier Véran. Le secteur hospitalier réclame depuis plusieurs années davantage de moyens, financiers comme humains, et la crise a permis de mesurer combien ce milieu était déconsidéré. "Soignants, encore un effort si vous voulez être républicains", semble demander le ministre, à la manière du marquis de Sade.
Léo Thomas