La France, pays aux écoles ouvertes, mais à quel prix ?

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Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a affirmé ce matin sur RMC que la France était le pays de plus de 15 millions d’habitants qui avait maintenu les écoles ouvertes le plus longtemps depuis le début de la crise sanitaire. Mais à quel prix ?

Au micro de RMC ce vendredi 19 mars, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, a annoncé que la France était le pays de plus de 15 millions d'habitants qui avait réussi à maintenir les écoles ouvertes le plus longtemps possible.

Selon les données de l’UNESCO, son affirmation est bel et bien véridique. En effet, la France ne compte que 9.7 semaines de fermeture (totale et partielle) de ses écoles depuis le premier confinement, bien en dessous de la moyenne du continent. Il est même le seul de l'Union européenne à avoir maintenu les cours en présentiel pour les écoles aussi longtemps.

Capture d'écran UNESCO

À titre de comparaison avec ses voisins, le Royaume-Uni compte 25.9 semaines de fermeture totale ou partielle. L’Allemagne, de son côté, en est à 23.6. D’autres pays, sous le seuil des 15 millions d’habitants,  comme la République Tchèque ou la Lettonie, ont franchi la barre des 30 semaines de fermeture des écoles totale ou partielle. La Macédoine, elle, bat le du continent avec 39.4 semaines.

Si on retire le critère des 15 millions d’habitants, on remarque que la Suisse et ses 8 millions d’habitants s’en est mieux sortie avec seulement 6.4 semaines de fermeture. Son taux d’incidence est actuellement de 12.69 pour 100 000 habitants. En France, il est de 266.22. 

Outre-Atlantique, les élèves américains ont été privés de cours en présentiel pendant 43.1 semaines contre 36.7 pour les Canadiens. Les cours à distance étant devenu la norme pour la quasi-totalité des Américains. 

L’exception française, mais à quel prix ?

C'est vrai que ça devient une exception française, mais il y a tout lieu d'en être fier”, avait déclaré le ministre de l’Education au micro de France Inter début mars. Il a abondé au Parisien le 13 mars en expliquant que l’école est “la dernière chose à fermer, car c'est l'institution la plus précieuse au cœur de la société. Donc on ne peut fermer l'école que lorsque l'on a essayé tout le reste et que ce n'est pas suffisant".

Lors du second confinement en novembre, l’État avait décidé d’épargner les écoles. Le 5 janvier dernier au micro d'Europe 1, Jean-Michel Blanquer affirmait que les enfants risquaient surtout de contracter le virus en dehors de l’école. 

Toutefois, au micro de RMC ce vendredi matin, il expliquait que les premiers résultats des tests naso-pharyngés en écoles démontraient “un taux de contamination en moyenne d'environ 0,5%” sur les 100.000 tests effectués. Et même si le chiffre paraît rassurant, il représente en réalité 500 cas de contamination pour 100.000, soit au-dessus du taux d’incidence national.  

L'école, foyer de contamination

Toujours selon le ministre, on observe pourtant une multiplication des contaminations. 2000 classes sont fermées actuellement à cause de cas de Covid, soit 0,4% du total en France. "Un chiffre raisonnable" à ses yeux. Les chiffres ont même bondi en une semaine, passant de 9.000 à 15.000 élèves contaminés.

De leur côté, plusieurs études avancent que les élèves transmettent le virus de la même façon que les adultes. Les établissements scolaires sont donc des zones à risque de transmission. "1) les enfants sont des vecteurs de transmission de l’épidémie, et 2) l’école est impliquée dans sa diffusion", explique le groupe de réflexion Terra Nova qui s'appuie sur les données de Santé Publique France et de l'Institut Pasteur. "Le risque d’être infecté est 30% plus élevé lorsque les enfants sont scolarisés en maternelle, au collège ou au lycée, et 40% plus élevé si les enfants sont en crèche".

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