La France, bonne élève en matière d'égalité professionnelle
Les résultats de l'index d'égalité professionnelle femmes-hommes ont été révélés ce lundi 8 mars et laissent suggérer une amélioration de la situation en France. Un progrès qui se distingue au niveau mondial, d'après le classement d’égalité entre les sexes dans les entreprises du cabinet spécialisé Equileap.
"Une situation qui va vraiment mieux", a déclaré la ministre déléguée à l’Égalité, Elisabeth Moreno, lors de l'émission du "Grand Jury" diffusée sur LCI-RTL dimanche 7 mars. Le lendemain, les derniers résultats 2021 de l’égalité femmes-hommes dans les entreprises ont été dévoilés. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a souligné "l’amélioration de la note moyenne sur 100 obtenue par les entreprises cette année (ndlr : elle est passée de 84 à 85 et a donc gagné un point en un an)".
Cette note moyenne sur 100 représente l'index d'égalité professionnelle. Ce dernier est calculé par chaque entreprise sur la base de 4 à 5 indicateurs (écart de rémunération, répartition des promotions ou des augmentations individuelles selon le sexe..) et permet de mesurer où en est l'entreprise sur le plan de l'égalité hommes-femmes.
Comparées aux entreprises étrangères, les entreprises françaises font figures de très bonnes élèves. Selon une étude du cabinet spécialisé Equileap, la France serait le pays où les différences de salaires et d'évolution sont les plus réduites entre les hommes et les femmes !
Pour établir son classement, Equileap a utilisé 19 critères différents et a analysé près de 4.000 entreprises sur 23 marchés à l’international. Parmi les critères retenus par le cabinet privé, on trouve la part de femmes dans l’effectif total de l’entreprise, dans les structures dirigeantes et les comités de direction, la prise en charge des victimes de harcèlement, l’écart de salaires ou encore la durée des congés parentaux.
La France, l’Espagne et la Suède dans le trio de tête
Avec 51 points sur 100, la France arrive donc en première position dans le classement global d’égalité entre les sexes dans les entreprises, réalisé par Equileap. La mise en place de l’index égalité professionnelle qui oblige depuis 2018 chaque entreprise de plus de 50 salariés à mesurer l’écart de rémunération entre leurs employés hommes et femmes, ou encore l’instauration d’une pénalité financière en cas de refus ou de mauvais résultats, y sont sans doute pour quelque chose. De même que l’apparition de quotas aux conseils d’administration. Malgré des résultats positifs, l’étude note cependant qu’aucune entreprise française présente une égalité salariale parfaite entre les deux sexes.
En deuxième position du classement se trouve l’Espagne, avec 49 points sur 100. Un bon score dû à plusieurs mesures instaurées récemment par le pays. Depuis octobre 2020, les entreprises espagnoles ont, par exemple, l’obligation de publier les écarts de salaires entre leurs employés selon le sexe. Si elles ne se conforment pas à ce règlement dans un délai de six mois, elles s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu'à 187.000 euros. 82% des entreprises (un record) ont ainsi publié à des fins de transparence leurs grilles de salaire. Fin 2020, la ministre chargée de l’Egalité, Irene Montero, avait déclaré : "Une femme doit percevoir une rémunération égale lorsqu'elle effectue le même travail qu’un homme."
Depuis un décret-loi datant de mars 2019, les entreprises espagnoles ont aussi l’obligation d’avoir un plan d’égalité hommes-femmes avec notamment une politique de lutte contre le harcèlement sexuel. 73% des entreprises du pays (là encore un record) ont publié leur programme à ce sujet. Enfin, au niveau des congés parentaux, l’Espagne est en pointe avec 16 semaines de congés payés.
La Suède, troisième au classement, a également de bons résultats. Même si le pays ne dispose pas de quotas de femmes dans les conseils d'administration, ces dernières représentent néanmoins 37% des effectifs. Quant aux congés parentaux, les Suédois disposent de 13 mois de congés payés (390 jours) à se partager entre les deux parents.
Japon, États-Unis, Suisse, le trio perdant
Toujours selon l’étude du cabinet Equileap, certains pays seraient encore à la traîne sur le plan de l’égalité professionnelle. Avec une note de 39 points sur 100, la Suisse se trouve dans les derniers du classement. Tout comme les États-Unis (30 points sur 100) ou encore le Japon (27 points sur 100).
Aux États-Unis, seules 8% des entreprises ont, à titre d'exemple, un conseil d’administration avec une représentation équilibrée des sexes. 95% des entreprises ne publient pas les différences de rémunération entre leurs effectifs hommes et leurs effectifs femmes. Par ailleurs, les États-Unis sont le seul pays développé à ne pas avoir de règles en termes de congés parentaux. Il revient donc aux entreprises de fixer elles-mêmes la durée de ces congés.
Trois entreprises françaises dans le top 10
L'Oréal, Kering ou encore Orange font partie du top 10 du classement mondial des entreprises aux meilleurs résultats sur le plan de l'égalité professionnelle, selon les critères formulés par Equileap (ndlr : les entreprises prises en compte par le cabinet privé ont une capitalisation boursière supérieure à 2 milliards de dollars ou font partie des principaux indices boursiers). Dans le top 100 de ce même classement, on retrouve Sodexo, Covivio, Sanofi, Danone (qui a instauré un minimum de 18 semaines de congés parentaux payés), Publicis Groupe, Teleperformance ou encore Mercialys. En tout, un cinquième du classement est trusté par des groupes français.
Ces bons scores pour le drapeau tricolore sont en partie portés par la politique anti-harcèlement de ces grands groupes. 63% des entreprises françaises ont un programme de lutte contre le harcèlement sexuel, une hausse de 17% par rapport à 2019. En revanche, l'étude tient à souligner que l'écart salarial hommes-femmes dans ces entreprises n'a pas disparu et ne tend à diminuer que faiblement.
Agathe Boussard