Jean Castex s'essaye à Twitch sans convaincre son jeune public
Sur la chaine Twitch du journaliste Samuel Étienne, le Premier ministre Jean Castex a répondu ce dimanche 14 mars à des questions d'internautes. Las, le jeune public visé s'est rapidement agacé que le chef du gouvernement réponde "comme à la télé", sans s'adapter aux codes de la plateforme.
C'est devenu la plateforme incontournable du moment. Ce soir du dimanche 14 mars, Jean Castex a répondu pendant 1h30 à des questions en direct sur la chaîne Twitch de Samuel Etienne, journaliste et animateur de "Questions Pour Un Champion", débarqué il y a quelques mois sur la plateforme de vidéo en direct. Après François Hollande, il était le deuxième invité politique de Samuel Etienne, invitation que Matignon a d'ailleurs sollicitée.
La promesse de Samuel Étienne pour son émission est simple : "C'est moi qui invite, c'est vous qui posez les questions". "Vous", ce n'est pas tout le public, mais uniquement le plus fidèle, c'est-à-dire les abonnés depuis plus de deux mois. Mais ce dispositif a rapidement été critiqué, empêchant de fait une partie importante des 80.000 spectateurs du live de poser leurs questions.
Questionné principalement sur la crise sanitaire, le Premier ministre a éludé les occasions de changer de ton et martelé son message comme il le ferait dans une interview au format plus traditionnel. Les spectateurs autorisés à participer dans le "chat", la discussion écrite diffusée en direct, ont critiqué sa "langue de bois". "On n'apprend rien de plus qu'à la télé en fait", s'agace un premier, "autant faire ce genre de choses sur BFM", complète un autre. "C'est si dommage, de ne pas jouer le jeu de la plateforme et de continuer à servir votre même discours", conclut un internaute à la fin de l'émission.
Sur le fond, Jean Castex a donc apporté peu de nouvelles informations et ne s'est pas vraiment livré comme on pourrait l'attendre de ce format moins cadré qu'une interview traditionnelle. Tout juste a-t-il évoqué ses "quatre filles" qui selon lui regardaient le live.
Pas de regrets
Sur la situation sanitaire en Ile-de-France, Jean Castex a reconnu que "les services de réanimation sont très chargés" et n'a pas exclu l'hypothèse d'un reconfinement, "mais il faut utiliser toutes les armes pour l'éviter car reconfiner est un acte extrêmement fort", a-t-il détaillé. Interrogé pour savoir s'il regrettait certaines mesures, il s'est contenté de dire que le gouvernement "aurait dû beaucoup mieux les expliquer". "On a des progrès à faire", a-t-il seulement concédé, tout en jurant que "le gouvernement a pris les décisions les plus adaptées".
Un des passages qui resteront est probablement celui où il a réagi aux nombreuses questions sur les accusations, de viol en particulier, visant le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. "Il n'y a pas de raison qu'il quitte le gouvernement", a considéré le Premier ministre.
Critiqué ces derniers jours sur le fait d'offrir une tribune facile aux politiques, Samuel Étienne s'est montré offensif à plusieurs reprises durant cette soirée. Sur l'augmentation du nombre de lits de réanimation, "une promesse non tenue", le journaliste relance le Premier ministre à plusieurs reprises, le faisant même bafouiller. Plus tard, il lui donnera une leçon cordiale sur la différence entre l'anonymat et le pseudonymat sur les réseaux sociaux.
"J'ai un côté un peu vintage"
Les questions plus intimes qui auraient pu permettre au Premier ministre de se montrer sous un jour plus sympathique n'ont pas emballé Jean Castex, qui les a rapidement écartées. Interrogé sur la manière dont il vivait sa fonction de chef du gouvernement, il se limite à décrire comme il est fier de servir son pays.
Reconnaissant en début d'émission "j'ai un côté un peu vintage", il ne sera sorti de son corset républicain que pour réagir sur le match du XV de France en tournoi des Six nations, perdu après un essai accordé aux Anglais mais contesté. "La victoire aurait été grandement méritée", a considéré Jean Castex, reconnaissant son "chauvinisme". Simple, classique.
Théo Moy