Harcèlement scolaire : où en est l'Éducation nationale
Des faits de harcèlements scolaire, rapportés par sa famille, auraient mené à la mort d'une adolescente de 14 ans à Argenteuil (Val-d'Oise). Depuis 2015, l'Éducation nationale a mis en ligne plusieurs ressources pour aider les victimes.
Que fait l'Éducation nationale contre le harcèlement scolaire ? La question revient après la mort d'une adolescente de 14 ans à Argenteuil (Val-d'Oise), qui se serait noyée après une altercation avec deux autres jeunes. Selon la mère de la victime, elle était depuis plusieurs mois victime de harcèlement, une situation connue de son établissement et de ses camarades de classe. L'objectif du ministère est clair : "Sur le quinquennat, il s'agit de faire disparaître des écoles et établissements les phénomènes de harcèlement". Mais dans les faits, des drames continuent de se produire. Quels mécanismes existent dans l'Éducation nationale ? Le Bouillon fait le point.
Au total, 335 référents ont été mobilisés en France et plus de 2.000 signalements ont été effectués, selon les chiffres rapportés par le ministère de l'Éducation nationale pour l'année 2019. Plusieurs plateformes existent pour trouver de l'aide, en ligne ou par téléphone : le 30 20, numéro de signalement lancé en 2015 pour venir en aide aux personnes en situation de harcèlement, a reçu 77.000 appels en 2019. Un numéro vert national de prise en charge des victimes de cyberharcèlement à l’école existe également.
Dans les établissements scolaires, 10.000 élèves ont été nommés "ambassadeurs" du programme gouvernemental "Non au harcèlement". Chargés de sensibiliser les autres élèves aux problématiques de harcèlement scolaire, ils sont "formés au repérage des situations de harcèlement, capables d’agir en lanceur d’alertes et éviter ainsi de laisser les élèves victimes isolés". Un rapport publié en 2019 par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) indique que 5,6% des élèves se disaient harcelés en 2018 contre 7% en 2015. De son côté, l'Unicef estime à 700.000 le nombre d'élèves victimes de harcèlement scolaires en France.
L'interdiction du téléphone : un enjeu pour le ministère
Depuis 2018, l'usage du téléphone portable au sein des collèges est interdit. D'autres équipements numériques, comme les tablettes ou les montres connectées, sont également bannis. Légalement, il en va de même dans les écoles primaires, où le cyberharcèlement reste bien plus marginal. Selon le ministère de l'Éducation nationale, "l'interdiction du téléphone portable à l'école et au collège est un élément essentiel de cette lutte contre le harcèlement".
Mais "dans chaque classe, on a des problèmes de harcèlement. Des élèves s’insultent sur les réseaux sociaux par exemple", rapportait une professeure de français dans La Croix, un an après la mise en place de la mesure. "Le problème s’est déplacé, affirme Marie-Alix Le Roy, créatrice du groupe Facebook Parents unis contre les smartphones pour jeunes. Dès qu’ils passent les grilles de l’école, les enfants se ruent sur leurs smartphones…"
Clips de préventions et filtre Snapchat
Pour encourager la prise de parole, le site "Non au harcèlement" propose des modes d'emploi pour donner à chaque élève la marche à suivre s'il est victime, quel que soit son âge. La campagne de sensibilisation 2020-2021 souhaite prendre en compte les plus petits, pour traiter cet enjeu dès l'école primaire.
Pour toucher directement les élèves sur les réseaux sociaux, un filtre Snapchat est même proposé, mais malgré toute sa bonne volonté Le Bouillon n'a pas réussi à le faire fonctionner...
Marianne Chenou