Quand les puissants s'offrent des passe-droits vaccinaux : plusieurs polémiques à l'étranger
Les campagnes vaccinales se poursuivent à l’international, mais certaines personnalités politiques n’attendent pas leur tour et se font vacciner par des moyens détournés. Entre démissions et scandales, tour du monde des impatients de l’immunité.
Face à l'adage “Tout vient à point à qui sait attendre”, certains dirigeants impatients ont visiblement préféré accélérer leur accès aux vaccins contre le Covid-19. Alors que la vaccination progresse petit à petit dans le monde, la répartition des doses reste très inégale selon les Etats et les stratégies adoptées. Certains dirigeants se sont fait vacciner dès le début des campagnes pour l’exemple, mais depuis quelques semaines, les polémiques se multiplient autour de l’accès de certains dirigeants à des injections de vaccin.
Espagne : les sœurs du roi vaccinées à Abu Dhabi
Le 3 mars, les deux sœurs du roi d’Espagne ont reconnu s’être fait vacciner contre le Covid-19 lors d’une visite à leur père, exilé aux Emirats pour fuir ses déboires fiscaux et judiciaires. “On nous a proposé d'être vaccinées, ce que nous avons accepté (...) Si cela n'avait pas été dans ces circonstances, nous aurions attendu notre tour pour être vaccinées en Espagne”, expliquent-elles dans un communiqué commun, justifiant ainsi leur acte par l’obtention d’un passeport sanitaire émirati qui leur permet de visiter leur père régulièrement.
Âgées de 57 et 55 ans, elles ne faisaient pas partie des population jugées "à risque" à qui la vaccination était ouverte en Espagne. En effet, la priorité est donnée aux personnes les plus âgées et les plus vulnérables. Ce scandale a indigné jusqu’aux membres du gouvernement comme le ministre de la politique territoriale, Miquel Iceta, qui a condamné l’usage de sa "position" pour accéder plus rapidement à la vaccination.
Une polémique qui n’est pas la première du genre en Espagne : des médias espagnols ont pointé que l’ancien chef des services de renseignement, Felix Sanz Roldan, a lui aussi profité d’une visite à Abu Dhabi pour se faire vacciner. Dans le même registre, le chef d’Etat major des armées a été contraint à la démission en janvier 2021 pour s’être fait vacciner en dehors de tout protocole.
Italie : des responsables politiques locaux sautent la file d’attente
En Italie, si le président de la République Sergio Mattarella a été vacciné dans les règles (ses 79 ans le rendant éligible selon les priorités édictées par le gouvernement), plusieurs responsables locaux n’ont pas été aussi scrupuleux. Selon l’AFP, le maire de Corleone en Sicile a annoncé il y a deux jours démissionner après s’être fait vacciner sans être prioritaire. Le plan du gouvernement italien ouvre le droit à la vaccination aux personnes âgées en Ehpad, aux soignants, aux plus de 80 ans et enfin aux forces de l’ordre ainsi qu’aux enseignants. Le maire de Corleone n’a pas été le seul à avoir été épinglé: d’autres responsables locaux tels que le président de la région Campanie Vincenzo De Luca ont fait de même. Sans toutefois démissionner.
Pérou : 2 000 doses détournées avant le début de la campagne vaccinale
Le scandale qui a contraint plusieurs hauts fonctionnaires péruviens à démissionner en février 2021 a un nom : le Vacuna Gate. Selon des informations de RFI, une partie de la classe dirigeante péruvienne a détourné 2 000 doses du vaccin de Sinopharm, destinées au personnel en charge des essais cliniques réalisés dans le pays, pour finalement les inoculer à plusieurs personnalités et à leurs proches.
Mises en cause, la ministre des Affaires étrangères, Elizabeth Astete, ainsi que la ministre de la Santé Pilar Mazzetti ont finalement démissionné suite aux révélations. Selon les médias péruviens, l’ancien chef de l’Etat Martin Vizcarra et d’autres hauts fonctionnaires auraient aussi été vaccinés de manière anticipée. Le président péruvien a annoncé que les autres fonctionnaires concernés seront démis de leurs fonctions.
Alexandre Horn