Covid-19 : l'arrivée des autotests inquiète certains professionnels de santé

Les autotests pour se dépister soi-même du Covid-19 seront disponibles cette semaine. Crédits : Lukasmilan

La Haute Autorité de santé vient d'autoriser ce mardi 16 mars l'utilisation d’autotests pour se dépister soi-même du Covid-19. Déjà expérimentés dans plusieurs pays d’Europe, ces tests suscitent l’inquiétude de certains professionnels de santé.

La Haute Autorité de santé a validé mardi 16 mars l'utilisation de nouveaux tests antigéniques à réaliser soi-même, pour détecter le coronavirus. Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a annoncé dimanche sur BFMTV qu’ils seraient disponibles "en officines ou en supermarchés”. Certains professionnels de santé craignent toutefois le manque de traçabilité des cas de Covid-19, et qu'une mauvaise utilisation de ces tests donne des "faux-négatifs".

Déjà autorisés en Allemagne, en Autriche, en Suisse et au Royaume-Uni, ces autotests sont similaires aux tests antigéniques effectués par les pharmaciens, mais leur mode de prélèvement a été simplifié pour qu’ils soient accessibles au grand public. 

“Les tests effectués en pharmacie sont faits à l’aide d’un écouvillon très long que l’on enfonce dans le nez jusqu’aux sinus. Cela peut aller jusqu’à dix centimètres. Ces nouveaux tests iront uniquement jusqu’à deux centimètres mais le prélèvement est difficile. Il faut apprendre à le faire et il peut être dangereux s'il est mal réalisé”, explique Christine Salavert Grizet, pharmacienne élue à la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF) et à l'Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS). 

Des risques de “faux-négatifs”

Une fois le prélèvement effectué, il faudra soi-même tremper l’écouvillon dans un liquide afin de détecter la présence d’un antigène viral qui fabrique des anticorps au Covid-19. Les résultats seront disponibles en une trentaine de minutes maximum, soit sur une bandelette, soit sur une application, selon le modèle du test. Christine Salavert Grizet appelle à la prudence quant à l’interprétation des résultats. “Le plus gros risque, c'est qu’on ne détecte pas le virus. Comme le prélèvement s’effectue au tout début de la narine, il risque d’y avoir des faux négatifs.”

Selon une étude de l'Autorité de Santé allemande, l’un de ces autotests antigéniques ne posséderait qu'une sensibilité de 71,7%, ce qui signifierait qu’une personne infectée sur trois serait un faux négatif, même si ce pourcentage varie selon les différents modèles de tests. La Haute autorité de santé a déjà précisé sur son site internet qu’elle n’autoriserait pas la mise sur le marché d'un kit de dépistage aussi peu fiable : "Le test utilisé doit présenter une sensibilité clinique supérieure ou égale à 80 % - seuil retenu également par l'Organisation mondiale de la santé".

Impossible de tracer les personnes contaminées au Covid-19

Ces tests, qui pourraient être vendus à un euro dans les supermarchés, permettraient d’identifier les asymptomatiques plus rapidement et de laisser “les gens gérer eux-mêmes le risque”, indique l'épidémiologiste Antoine Flahault, de l'Institut de santé globale à Genève.

Christine Salavert Grizet souligne cependant que le traçage des malades, mis en place avec les tests antigéniques faits par les pharmaciens, sera impossible à effectuer avec ces autotests. “Quand je fais un test antigénique et que le résultat est positif, je vais sur la plateforme Si-Dep pour rentrer le résultat. Mon patient reçoit ensuite un SMS de sa caisse d’assurance maladie, lui demandant de s’isoler et de signaler aux personnes qu’il a croisées qu’il est contaminé par le Covid-19. Avec ces autotests, on peut se demander si les gens vont vraiment le faire...”, s'inquiète la pharmacienne.

Julie Tritschler

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