Attaques chimiques en Syrie : une plainte pour crimes contre l’humanité déposée en France
L’ONG franco-syrienne SCM (Centre syrien des médias et de la liberté d’expression) a déposé plainte pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre ce lundi 1er mars à Paris. En 2013, ces attaques aux gaz neurotoxiques ont fait plus de 1.400 morts et des milliers de blessés.
Pour la première fois, lundi 1er mars, une plainte a été déposée à Paris sur le dossier syrien, ont annoncé le Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression (SCM), Open Society Justice Initiative (OSJI) et Syrian Archive. Elle vise les attaques chimiques des 5 et 21 août 2013 perpétrées en Syrie et imputées au régime de Bachar-al-Assad.
Des centaines de documents et une vingtaine de témoignages
En 2013, le grand public prend connaissance de l’horreur des attaques chimiques commises dans la banlieue de Damas. La première a eu lieu le 5 août, à Adra et Douma. La seconde, dans la Ghouta orientale, le 21 août 2013, a fait plus de 1.400 morts selon les services de renseignements américains.
Plus de sept ans après, des centaines de photos et vidéos ainsi qu’une vingtaine de témoignages ont été compilés pour appuyer une plainte extrêmement détaillée avec constitution de partie civile. Celle-ci a été déposée par Jeanne Sulzer et Clémence Witt de l’ONG SCM. « La France a publiquement condamné l’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement syrien en août 2013 », rappelle Me Clémence Witt. « Ce que nous attendons de la justice française, sur le fondement de la compétence extraterritoriale, c’est qu’elle permette la manifestation de la vérité, tant en reconnaissant aux victimes leur statut qu’en faisant la lumière sur la chaîne de commandement et sur les responsabilités du gouvernement syrien. »
Une plainte de « compétence extraterritoriale » de la justice française
En 2013, la série d’attaques a fait l’objet de revirements politiques au sein de l’administration Obama, qui avait décidé de ne pas frapper d’installations militaires, alors que de telles interventions constituaient « une ligne rouge » selon Washington.
La plainte appelle à la « compétence extraterritoriale » de la justice française et devrait être confiée au pôle spécialisé dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris. Une plainte similaire a déjà été déposée en octobre, à Munich.
Rachel Rodrigues