Affaire Karachi : Édouard Balladur relaxé, François Léotard reconnu coupable
L'ancien Premier ministre Édouard Balladur a été relaxé de complicité et de recel d'abus de biens sociaux ce jeudi 4 mars. François Léotard, son ex-ministre de la Défense est quant à lui reconnu coupable de complicité d'abus de biens sociaux. Les deux hommes étaient accusés d'avoir détourné des fonds dans le cadre de contrats d'armements.
La Cour de justice de la République (CJR) a relaxé, ce jeudi 4 mars, l'ancien Premier ministre Édouard Balladur, mis en cause dans l'affaire Karachi, et a condamné l'ex-ministre de la Défense, François Léotard, pour complicité d'abus de biens sociaux.
L'ex-locataire de Matignon a été relaxé de complicité et de recel d'abus de biens sociaux, les deux chefs d'accusation qui le visaient. "Je prends acte avec satisfaction de la décision de la Cour de justice de la République qui reconnaît enfin mon innocence", après "un quart de siècle de calomnies", a-t-il réagi dans un communiqué transmis à l'AFP par ses avocats.
François Léotard, en revanche, a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 100.000 euros d'amende, en accord avec les réquisitions du parquet. Un an de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende avaient été requis à l'encontre de Édouard Balladur.
Pour relaxer Édouard Balladur, la CJR - qui juge les membres du gouvernement pour les actes délictueux ou criminels commis dans l'exercice de leurs fonctions - a retenu qu'il n'a pas été "démontré qu'il ait donné des instructions à son directeur de cabinet, Nicolas Bazire", afin d'utiliser les fonds litigieux, d'après la lecture du jugement rapportée par notre consœur de France Inter Corinne Audoin sur Twitter. Aucun des deux prévenus n'était présent lors du délibéré.
550 millions de francs détournés
Il était reproché à l'ancien Premier ministre français d'avoir procédé au financement de sa campagne électorale en 1995 grâce à des commissions illégales versées en marge d'importants contrats d'armement. Avec son ex-ministre de la Défense de l'époque, il était soupçonné d'avoir encouragé deux entités, propriétés de l'État, à recourir à des intermédiaires dans le cadre de la vente de sous-marins à l'Arabie saoudite et au Pakistan.
Les commissions "exorbitantes", selon l'accusation, versées à ces intermédiaires, auraient été d'environ 550 millions de francs (soit 117 millions d'euros). Une partie d'entre elles, estimée à 10,25 millions de francs (1,5 million d'euros) aurait ensuite été allouée au financement de la campagne d'Édouard Balladur, déficitaire. Le principal intéressé a qualifié les accusations de "grossières" et a affirmé que ces sommes provenaient de dons des militants.
Pour le procureur général de cette affaire, François Molins, l'ancien Premier ministre ne pouvait ignorer "l'origine frauduleuse" de ces fonds. Il avait toutefois demandé à la Cour de prendre en compte l'âge des prévenus, âgés de 91 ans (Balladur) et 78 ans (Léotard).