Précarité étudiante : la "génération sacrifiée" exige des mesures d’urgence

Les manifestants sont partis de la place de la République, à Lille, aux alentours de 15 heures. Photo : Brianne Cousin

Plusieurs centaines d’étudiants ont défilé partout en France ce mardi 16 mars pour dénoncer la précarité qui les frappe, à l'appel de plusieurs syndicats et partis politiques. Ils réclament la réouverture des universités, l’augmentation des bourses, et un plan d’urgence de 1,5 milliard d’euros. Reportage à Lille.

À l'appel de plusieurs syndicats et partis politiques, les étudiants français se sont mobilisés partout dans le pays pour lutter contre la précarité, ce mardi 16 mars. À Caen, Paris, Lyon, Bordeaux ou encore Lille, leur mot d’ordre est le même : "Nous refusons d’être une #GénérationSacrifiée". Leurs revendications ?  La réouverture des universités avec une jauge de 50% (contre 20% aujourd’hui), un plan de préservation psychologique pour les étudiants fragilisés par la crise sanitaire, l’augmentation des bourses et des aides personnalisées au logement (APL), et un plan d’urgence de 1,5 milliard d’euros pour lutter contre la précarité étudiante.

"BTS en détresse"

"Moi, ça fait deux ans que je cherche un stage." Salomé et Mathilde sont étudiantes en deuxième année de BTS communication à Lille. Pour obtenir leur diplôme, elles doivent justifier de deux stages, qu’elles n’ont pas pu effectuer à cause de la crise sanitaire. Des expériences pourtant indispensables pour passer leur examen oral. "Nos profs nous demandent de mentir dans notre dossier pour pouvoir passer l’examen", s’insurge Salomé. Mathilde, quant à elle, est désespérée. "J’ai envoyé plusieurs mails à l’académie de Lille", en vain. Faute de mieux, elle brandit aujourd'hui une pancarte "BTS en détresse", en référence à la célèbre chanson de Daniel Balavoine "SOS d'un terrien en détresse". Qu’ont-elles décidé de faire ? “Bah on râle”, s’esclaffe Salomé. 

Mathilde, étudiante en deuxième année de BTS communication, n'a pas pu effectuer ses stages, pourtant essentiels à l'obtention de son diplôme. Photo : Brianne Cousin.

L'absence de pénalisation des stages non-effectués figure aussi dans la liste des revendications des syndicats et manifestants. Noah Lourenço de Gouveia, au bureau national de l’Unef, est en tête du cortège lillois, qui s’est à présent élancé sur la rue Gauthier de Châtillon, non loin de la place de la République. “On est face à une précarité qui ne cesse d’augmenter, soutient-il en haussant le ton pour couvrir les slogans scandés par les manifestants. On nous promet une réouverture des facs qui n’arrive jamais. On voit beaucoup de jeunes qui font la queue pour des distributions de nourriture.” Le jeune homme s’alarme aussi des suicides d’étudiants, de plus en plus nombreux, provoqués par la solitude et la précarité. Et que pense-t-il de la réponse du gouvernement ? “Macron préfère faire des vidéos avec Mcfly et Carlito (des Youtubeurs à succès, NDLR). Il ferait mieux de donner plus de moyens au Crous ou à l’enseignement supérieur”, martèle-t-il.

Un isolement qui pèse

Ses revendications sont partagées par Hugo, 19 ans, étudiant en Histoire à l’université de Lille. Depuis peu, il suit deux cours en présentiel par semaine. “Mes camarades de classe, je ne les avais jamais rencontrés”, s’attriste-t-il. Il regrette de ne pas pouvoir retrouver les bancs des amphithéâtres. Et ce qui l’inquiète par dessus tout, c’est le manque de visibilité sur l’avenir. “Enchaîner plusieurs heures sur Zoom toutes les semaines, c’est un peu inhumain”, conclut-il.

Le cortège lillois est parti de la place de la République aux alentours de 15 heures. Photo : Brianne Cousin.

À l’image de Lille, où environ 200 personnes se sont rassemblées, les manifestations se sont multipliées dans tout le pays. À Paris, quelques centaines de personnes se sont réunies aux alentours du ministère de l’Enseignement supérieur. À Bordeaux, une centaine de personnes se sont rassemblées place de la Victoire à l’occasion d’une “fête de la génération sacrifiée”, selon l’AFP. À Lyon, ce sont 250 personnes qui ont manifesté, d’après la préfecture. Le 21 janvier dernier, des centaines de jeunes avaient déjà défilé dans les rues lyonnaises pour dénoncer leurs conditions de vie très précaires. 

Brianne Cousin

Lire aussi : "Santé psy étudiant" : une plateforme gratuite pour écouter les étudiants en détresse

🧑‍🍳 On vous recommande