Covid-19 : une centaine d'évacuations en TGV pour éviter de nouvelles restrictions en Ile-de-France

Les déprogrammations d'opérations et les évacuations d'envergure vers d'autres régions sont les derniers instruments à disposition des autorités pour réduire la pression sur les services de réanimation d'Ile-de-France. Si la situation empire encore dans les prochains jours, l'exécutif n'exclut pas de nouvelles mesures, comme un confinement strict.

Le Bouillon vous dressait en milieu de semaine un examen clinique de la situation sanitaire en Ile-de-France : un niveau de contamination plus important en Seine-Saint-Denis que dans le Pas-de-Calais confiné les week-ends et une tension exceptionnelle sur les services de réanimation. Face à une situation critique, les autorités jouent la montre, "pas de confinement tant que l'hôpital peut tenir", répète-t-on au sommet de l'État.

"On va tirer sur la corde au maximum à l’hôpital, en espérant qu’elle ne craque pas. On le sait tous, si l’Ile-de-France n’est pas confinée, cela n’a rien à voir avec les indicateurs sanitaires ou la pression hospitalière, qui y sont largement aussi inquiétants que dans les autres régions qui ont reconfiné", explique Stéphane Gaudry, réanimateur à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) auprès du Monde. La position de l'exécutif pourrait désormais très vite évoluer.

Déprogrammations massives

Alors que les admissions en réanimation sont en progression exponentielle depuis la semaine du 21 février, les outils pour faire baisser cette pression pourraient être rapidement dépassés. Les déprogrammations massives - 40% des opérations chirurgicales doivent être annulées - si elles sont efficaces, ne permettront pas de tenir plus de deux semaines. Le seuil des 1.000 lits de réa occupés a été dépassé cette semaine, et celui des 1.100 est d'ores et déjà atteint.

"Si le rythme continue à être le même, nous dépasserons 1.500 à la fin du mois de mars, ce qui correspond à un seuil critique pour les hôpitaux de cette région", a confirmé Olivier Véran lors de sa conférence de presse ce jeudi 11 mars.

Un autre outil va être déployé en milieu de semaine prochaine pour désengorger les hôpitaux franciliens, c'est le retour des évacuations sanitaires vers les autres régions. 6 premiers patients ont été transférés les 13 et 14 mars par voie aérienne, un rythme qui devient quotidien dès demain. Et en fin de semaine, un premier TGV médicalisé va partir vers des régions ayant plus de place en réanimation.

300 malades évacués en TGV avant fin mars

On apprend dans Le Parisien que ce TGV va être équipé pour pouvoir transférer 24 patients tous les deux jours vers d'autres régions. 100 malades devraient être évacués la semaine prochaine, selon Gabriel Attal, qui s'est exprimé sur le tarmac de l'aéroport d'Orly alors qu'il assistait au départ d'un avion avec deux patients à son bord.

Mais ces évacuations ne sont pas la panacée. Il faut trouver des patients en état stable, et obtenir l'accord des familles, alors que ces évacuations ont un coût psychologique très important pour elles. Surtout, elles pourraient se faire trop tardives et pas assez massives pour suffisamment désengorger les hôpitaux parisiens.

Enfin, le gouvernement parie encore sur la vaccination pour inverser la tendance. Ce dimanche 14 mars, 25.000 doses supplémentaires sont disponibles en Ile-de-France. Mais malgré ces efforts, la vaccination demeure une affaire de semaines alors que la tension sur les capacités de réanimation parisiennes est à son paroxysme : une entrée "toutes les 12 minutes, nuit et jour", a précisé Olivier Véran.

"Deux ou trois jours" décisifs

Ces mesures auront des effets positifs, mais peut-être pas assez vite. Dans l'édition de Libération de ce samedi 13 mars, l'ARS annonce que si "on continue deux ou trois jours comme ça, il faudra freiner les contaminations"

"Nous suivons au jour le jour cette situation pour nous tenir prêts à tout moment à prendre les mesures que celle-ci appelle", a expliqué Jean Castex vendredi. "Si l'épidémie se poursuit à ce niveau et à ce rythme, alors nous prendrions toutes les mesures nécessaires" pour freiner les contaminations, a également affirmé Olivier Véran. Un conseil de défense sanitaire est prévu mercredi prochain, à moins que la situation n'impose au gouvernement de réagir avant.

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