Dans un Brésil meurtri, l'ex-président Lula pourrait devenir l'arme anti-Bolsonaro

Lula avait déjà purgé un an et demi de prison entre 2018 et 2019 avant d'être libéré sur décision de la Cour suprême.

Un juge de la Cour suprême du Brésil a ordonné, lundi 8 mars, l'annulation de l'ensemble des condamnations de l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula. Il pourrait se présenter à nouveau contre le président sortant Jair Bolsonaro lors de l'élection présidentielle 2022. 

"Lula Inocente", a sobrement publié le compte twitter du PT, le parti de gauche brésilien fondé par Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, en 1980. L'ancien président du Brésil (de 2003 à 2011) a appris lundi 8 mars qu'un juge de la Cour suprême brésilienne avait ordonné l'annulation de l'ensemble des condamnations pour corruption le concernant. Lula récupère par la même occasion ses droits politiques et apparaît comme une alternative à Jair Bolsonaro s'il choisissait de se présenter en 2022. L'actuel président brésilien est de plus en plus contesté alors que son pays déplore près de 1500 victimes du Covid-19 par jour et qu'il peine à mettre en place une campagne de vaccination efficace.

Cette décision historique est le fait du juge Edson Fachin. Il a estimé que le tribunal de Curitiba, qui avait condamné Lula dans quatre procès, n'était "pas compétent" pour juger ces affaires. Elles seront réexaminées par un tribunal fédéral de Brasilia. Lula avait été incarcéré en 2018 dans le cadre de l'opération "Lava Jato" ("Lavage express") qui devait faire toute la lumière sur les scandales de corruption qui liaient l'état brésilien à l'entreprise gouvernementale Petrobras. Cette dernière et d'autres entreprises importantes de BTP avaient été accusées de verser des pots-de-vins aux partis de la coalition de gauche au pouvoir pour obtenir des chantiers et les surfacturer.

La gauche brésilienne tient peut-être son champion pour 2022

Lula avait déjà purgé un an et demi de prison entre 2018 et 2019 avant d'être libéré sur décision de la Cour suprême. Cette décision est un camouflet pour le juge Sergio Moro, grand acteur de la lutte contre la corruption au Brésil et qui était devenu ministre de la justice sous Jair Bolsonaro, avant de démissionner en 2020. Elle a suscité l'enthousiasme des leaders de la gauche à l'international et notamment de président Argentin Alberto Fernández.

Le président brésilien a de son côté affirmé, sur CNN Brésil, que le juge Fachin "a toujours eu un lien fort avec le PT". "Nous avons tous été surpris, mais en fin de compte, le brigandage de ce gouvernement est bien clair pour toute la société", a-t-il ajouté. S'il décide de faire son retour en politique, Lula aurait de bonne chances de concurrencer le président sortant en 2022 qui n'a jamais eu de réel adversaire sur la scène national depuis son élection. Un sondage récent donnait à Lula près de 50% de voix contre 44% pour Jair Bolsonaro.

Le Bouillon

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