[Infographie] Anxiolytiques, VOD, jeux de société : les grands chiffres du premier confinement

Il y a un an, le 16 mars 2020, le président de la République, Emmanuel Macron, annonçait un confinement pour enrayer la pandémie de Covid-19. Prévue pour deux semaines, cette mesure inédite s'est finalement étalée sur près de deux mois. Retour sur les chiffres qui ont marqué cette période exceptionnelle.

"Les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, les universités sont fermées depuis ce jour. Samedi soir, les restaurants, tous les commerces non-essentiels à la vie de la Nation ont également clos leurs portes. Les rassemblements de plus de 100 personnes ont été interdits. Jamais la France n'avait dû prendre de telles décisions, évidemment exceptionnelles, évidemment temporaires - en temps de paix." C'est en ces termes que le 16 mars 2020, lors de son allocution aux Français, Emmanuel Macron lançait le début du confinement.

"Nous sommes en guerre" a-t-il répété 6 fois dans son discours. Et pour vaincre le virus, "restez chez vous" est devenu le mot d'ordre. Du 16 mars au 11 mai 2020, les Français ont été sommés de rester confinés. Ces deux mois et demi ont été marqués par certains changements opérés par les Français pour supporter la crise.

Augmentation de la consommation de médicaments

Pendant le confinement, les ventes de médicaments pour troubles mentaux ont augmenté selon le rapport EPI-PHARE. Il montre l'écart des ventes d'anxiolytiques, d'antidépresseurs et d'hypnotiques observés en 2020 par rapport à ce qui était attendu sur la même période. Le recours à la consommation d'anxiolytiques a très nettement augmenté avec un écart positif de 292.753 délivrances supplémentaires lors du premier confinement. Les hypnotiques et les antidépresseurs ont également été marqués par une augmentation de leur consommation avec une hausse de 96.510 délivrances pour les hypnotiques et 29.443 pour les antidépresseurs.

Ecart entre le nombre de délivrances d'anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques observés en 2020 et ce qui était attendu à la même période
Source : Rapport EPI-PHARE

Explosion de la pauvreté

La crise sanitaire a donné lieu à une véritable crise économique. Avec le confinement et la réduction de nombreuses activités, la fermeture de nombreuses enseignes, restaurants, bars et lieux culturels ont fait basculer un nombre important de personnes dans la précarité. Dans un article du Monde, des association caritatives de lutte contre la pauvreté comme ATD Quart Monde, la Fondation Abbé Pierre ou encore le Secours catholique estiment à 1 million le nombre des personnes qui ont basculé dans la pauvreté.

Selon Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, le nombre de personnes ayant besoin de l'aide alimentaire a augmenté de 30% depuis le début de la crise. Il s'élève aujourd'hui à 8 millions de personnes alors qu'il était de 5,5 millions en 2019. Les demandeurs de minimas sociaux ont également augmenté de 10% d'après les départements sur l'ensemble du pays. L'Assemblée des départements de France (ADF) a constaté que sur un échantillon de 15 départements, les dépenses consacrées au RSA ont bondi de 9,2%.

Essor des plateformes de vidéo à la demande

Le premier confinement a été une véritable opportunité pour les plateformes de vidéo à la demande (VOD) pour gagner des abonnés. Les plateformes qui ressortent gagnantes de ce confinement sont incontestablement Netflix et Amazon Prime Video qui représentent respectivement 63,2% et 30,5% des utilisateurs selon le baromètre de la vidéo à la demande de mars 2020. Une évolution de +6 points pour Netflix et de +14,5 points pour Amazon Prime Video en comparaison à la même période en 2019. Les trois programmes les plus regardés ont été la série Elite disponible sur Netflix, la série Vikings sur Amazon et Netflix et Les 100 sur Netflix.

Classement des plateformes de vidéo à la demande en mars 2020
Source : Baromètre de la vidéo à la demande mars 2020

Explosion du nombre d'appels pour violences conjugales

Durant le confinement, la ligne d'écoute dédiée aux violences conjugales, le 39 19, a reçu un nombre record d'appels, 44.234 appels. Ce qui représente une augmentation de +400% d'appels reçus entre la semaine du 9 mars 2020 - avant le confinement - et la semaine du 20 avril 2020 - pendant le confinement. D'après le site gouvernemental vie-publique.fr, le nombre d'appels est passé de 2.145 à 8.213.

Selon la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), ces chiffres ne signifient pas que les violences ont augmenté durant le confinement. "Le nombre de victimes accompagnées a augmenté, sans pouvoir en tirer la conclusion que le confinement a eu un effet "déclencheur" des violences dans le couple", explique le MIPROF dans un rapport remis en juillet 2020. Ils ont également précisé que ces chiffres révélaient le fait que "les victimes se sont davantage manifestées" et que "les moyens mis en œuvre par l’État leur ont donné les moyens de le faire".

Parmi ces nouveaux dispositifs mis en place, on retrouve les refuges dans les centres commerciaux et les pharmacies. Mais aussi des interventions systématiques des forces de l'ordre après un signalement. Et la mise en place de tchats, de SMS comme le 14, à partir du 31 mars ou encore les plateformes de signalement.

Intensification des conduites addictives

Le confinement a représenté un terreau favorable à l'intensification de certaines conduites addictives comme la consommation d'alcool, de tabac, le comportement alimentaire ou encore le temps passé sur les écrans. Selon une étude ODOXA-GAE conseil, 5,5 millions de Français ont consommé plus d'alcool, 27% des fumeurs ont fumé plus, 19% des Français ont mangé avec plus d'excès que d'habitude et 50% des Français ont augmenté leur temps passé sur les écrans.

Les achats phares du confinement

Les changements de pratique ont accru l'usage de certains objets pendant le confinement. Avec la mise en place d'attestations dérogatoires pour aller faire les courses, aller au travail ou se promener, les ventes d'imprimantes ont véritablement grimpé, atteignant jusqu'à 50% supplémentaire chez Auchan à la mi-avril. L'association de consommateurs UFC-Que choisir a même alerté sur une augmentation des prix des imprimantes pendant le confinement.

La semaine du 16 mars 2020, soit la première semaine de confinement, les ventes de congélateurs ont décollé de +81% selon Ouest France. Les Français ont également acheté de quoi se divertir et s'occuper durant les journées de confinement. La vente de jeux de société a grimpé de 83%. Selon NPD Group, spécialiste des études de marché, on retrouve des classiques en top des ventes : le Monopoly, La bonne paye et le Scrabble. Quant aux puzzles, il s'en est écoulé trois fois plus. Les jeux vidéo ont été très plébiscités. La PlayStation 4, la Xbox One et la Nintendo Switch ont connu un regain de ventes de 140 % la semaine du 16 mars. Animal Crossing New Horizons s'est retrouvé en tête des ventes.

Le confinement a été l'occasion pour bon nombre de personnes de se remettre à la lecture. La liseuse électronique Kindle a occupé la deuxième position des ventes high-tech chez Amazon. Le livre le plus commandé et en rupture de stock a été La Fin des temps de la medium Sylvia Browne.

La grande distribution bouleversée

Avec le confinement, les Français ont privilégié les commerces de proximité. Comme l'indique Capital qui cite une étude Kantar, les gens ont été nombreux à privilégier les supermarchés aux détriment des hypermarchés. Les enseignes bénéficiant de drive ont pu tirer leur épingle du jeu. Ainsi, Intermarché et Netto ont enregistré une évolution de leur part de marché de 1,7 point, de même pour Système U qui gagne 0,7 point grâce à ses drives. En revanche, la baisse des hypermarchés (-2,4 points) ont fait perdre à Carrefour un point. Auchan et Leclerc quant à eux ont enregistré une baisse de 0,7 point.

Source : Capital, étude Kantar

Le premier confinement a été riche en bouleversements, des changements qui se sont poursuivis avec la mise en place de gestes barrières comme le port du masque généralisé ou encore la distanciation physique et qui risquent eux aussi de laisser une empreinte sur les comportements sociaux de la population.

Bessma Sikouk

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