Policiers attaqués à Viry-Châtillon : 13 jeunes jugés en appel à Paris

Quatre policiers avaient été blessés dans l'attaque, dont deux grièvement. Crédits : duluoz cats

Treize jeunes sont jugés en appel à partir de mardi 2 mars par la cour d’assises des mineurs de Paris. Ils sont accusés d’avoir grièvement blessé, en octobre 2016, quatre policiers dans leurs voitures, à l’aide de cocktails Molotov.

L’émotion avait été nationale, en octobre 2016. Le Président de l'époque, François Hollande, avait qualifié l’agression d’ “inqualifiable et intolérable”. Manuel Valls, à l'époque Premier ministre, s’était rendu sur place et avait assuré qu’ “il n’y a pas de zone de non-droit, il y a des territoires particulièrement difficiles”, tandis que François Fillon, alors candidat à la présidentielle, avait exigé que “l’autorité de l’État” regagne “d’urgence le terrain perdu”.

Plus de quatre ans après les faits, les accusés font de nouveau face à la justice, à partir de mardi 2 mars, cette fois devant la cour d’assises de Paris. En première instance, huit d’entre eux avaient été condamnés à des peines de 10 à 20 ans de réclusion par la cour d’assises de l’Essonne, tandis que les cinq autres avaient été relaxés. Le parquet général de Paris avait ensuite fait appel du verdict. En première comme en deuxième instance, c’est la cour d’assises des mineurs qui rend son verdict, trois des accusés étant âgés de moins de 18 ans au moment des faits. Le procès doit se tenir jusqu’au 16 avril.

Quatre policiers blessés

Les faits s’étaient produits à l’entrée du quartier de la Grande-Borne, située entre les communes de Grigny et Viry-Châtillon, dans l’Essonne. Deux patrouilles de policiers étaient chargées de protéger un mât dont la caméra de vidéosurveillance était régulièrement attaquée. L’endroit était connu pour des vols à la portière avec violences.

Le 8 octobre 2016, vers 15 heures, seize assaillants avaient encerclé les deux voitures de police et jeté deux cocktails Molotov dans les habitacles, rapporte Le Parisien. Deux policiers avaient réussi à s’extraire d’une voiture, mais avaient été blessés par des jets de pierre ; deux autres avaient été grièvement brûlés. Un d'entre eux était resté dans le coma pendant quatre semaines. L’un des policiers n’a, en outre, toujours pas pu reprendre le travail, ajoute le quotidien.

Les suspects, membres de la même bande, avaient planifié l’attaque depuis plusieurs jours, selon l’enquête. Si certains ont reconnu leur présence sur place ou avoir lancé des pierres, aucun n’a voulu prendre la responsabilité des cocktails Molotov.

Une attaque marquante

La défense espère maintenant que la tenue de cet appel permettra de dépassionner les débats. “Le fait que ça soit jugé à Paris et non plus dans l’Essonne, avec un délai plus long, va permettre des débats moins anesthésiés par l’émotion et plus sereins et techniques”, a déclaré à l'AFP Me Arnaud Simonard, l'avocat d'un des accusés. Les avocats des parties civiles, eux, soulignent que cette attaque a marqué un tournant : “L’intention homicide s’est exprimée de façon particulièrement intense. Depuis ces faits, le cocktail Molotov s’est banalisé”, a assuré au Parisien Me Thibault de Montbrial, un des avocats des parties civiles.

Les policiers du commissariat de Juvisy-sur-Orge, dont dépendaient les policiers ciblés, témoignent eux aussi du caractère particulièrement marquant de l’attaque. “On garde à l’esprit qu’on peut être pris pour cible. On le savait déjà, mais on ne pensait pas que ça pouvait aller aussi loin”, raconte Morgane* au quotidien francilien, une collègue des policiers attaqués. “Cela m’aide au quotidien pour garder de la vigilance, ajoute Jean-Michel*, un autre collègue. On se sert de cet événement auprès des jeunes qui arrivent dans notre service et sont très demandeurs en interventions.” Depuis les faits, la plupart des vêtements des policiers ont été ignifugés, et les voitures équipées d’extincteurs.

*Les prénoms ont été changés par Le Parisien

Louis de Briant

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