Obésité : des associations réclament une meilleure prise en charge de la maladie

L'obésité n'est toujours pas reconnue comme maladie chronique en France. Photo : jarmoluk.

À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’obésité, qui a lieu ce jeudi 4 mars, de nombreuses associations réclament une meilleure prise en charge de la maladie. Les personnes obèses sont particulièrement touchées par le Covid-19. 

"Pour que demain, nous ne soyons pas tous malades de l’obésité." C’est le titre de la pétition lancée ce jeudi 4 mars par le collectif national des associations d’obèses (CNAO). Selon ce collectif, qui rassemble une cinquantaine de structures, “il est temps de faire bouger les consciences et de faire évoluer les regards sur l’obésité, maladie grave et handicapante, associée à 19 comorbidités”. Pour souligner l’urgence de la situation, le CNAO avance un chiffre : jusqu'à maintenant, 40% des personnes décédées des suites du Covid-19 étaient obèses. 

Selon la présidente du collectif, Anne-Sophie Joly, ces morts auraient pu être évitées. Dans une tribune publiée sur le site du Journal du Dimanche, elle déclare : “Si elle avait fait le choix d'une véritable prise en charge de l'obésité en tant que maladie chronique, comme notre collectif le réclame depuis des années, la France n'afficherait pas aujourd'hui le chiffre funeste de 86.000  morts du Covid-19.

Une future spécialité dans les universités de médecine ?

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement reconnu l’obésité comme une maladie chronique en 1997, la France est à la traîne. Une telle reconnaissance impliquerait de nombreux changements. D’abord, dans les universités de médecine. L’obésité serait alors considérée comme une spécialité à part entière. “On pourrait voir apparaître des obésitologues au même titre que des cardiologues”, espère la présidente du CNAO. Les futurs médecins généralistes devraient également suivre une formation obligatoire sur l’obésité. À l’heure actuelle, cette formation se résume à cinq heures facultatives.

Une reconnaissance en tant que maladie chronique pourrait aussi changer la donne d’un point de vue médical. “Le plan cancer, il y a 40 ans, avait beaucoup fait évoluer les choses sur la prévention ou encore les outils de prise en charge !”, s'exclame Anne-Sophie Joly.

Autre réclamation du collectif : la considération de l’obésité comme affection de longue durée (ALD) par l’Assurance maladie. Pour l’heure, elle n'est qualifiée d'ALD que lorsqu’elle est associée à un critère de comorbidité tel que le diabète ou l'insuffisance cardiaque.

"On n'est jamais vraiment guéri de cette maladie"

Pour faire changer le regard sur la maladie, qu’elle juge encore stigmatisée, Anne-Sophie Joly souhaite que l’obésité soit bientôt considérée comme une “grande cause nationale”, un label gouvernemental attribué chaque année à une campagne d'intérêt public. “Il faut que les gens arrêtent de penser que l’obésité est une histoire de volonté. L’obésité est multi-factorielle (génétique, environnement, stress chronique, alimentaire…)”, explique-t-elle. 

Pour Martine Munch, créatrice de l’association STOP (Suivi et technique contre l’obésité pour la vie), les gens obèses se sentent toujours coupables. “On les stigmatise. On leur reproche de trop manger…”, explique celle qui faisait 156 kilos avant de subir 25 opérations. “On n’est jamais vraiment guéri de cette maladie.” 

D'ici à 2030, selon le collectif, une personne sur cinq sera en surcharge pondérale en France. "C'est pour cette raison que nous demandons une stratégie décennale de lutte contre l'obésité fondée sur quatre piliers : reconnaissance, prévention, formation et prise en charge, liste Anne-Sophie Joly. À la prochaine pandémie, si on n'agit pas, ce sera de nouveau un massacre. Les personnes obèses seront les principales victimes."

En France, 8 millions de personnes adultes sont concernés par l'obésité, ce qui représente 17% de la population.

Agathe Boussard

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