8 mars : les "premières de corvées" mobilisées dans la rue
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans toute la France, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. À Paris, Rennes, Strasbourg ou encore Lille, les manifestants ont répondu à l’appel de 37 associations et collectifs féministes, pour dénoncer les inégalités entre les femmes et les hommes.
"Ta main sur mes fesses, ma main dans ta gueule","Qu’on continue à garder le silence ? Y’a pas moyen Djadja". Ces pancartes ont été brandies dans des cortèges rassemblant des dizaines de milliers de personnes qui ont défilé ce lundi 8 mars. Leur revendications ? La lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes. Ces manifestants, réunis dans les grandes villes françaises pour la journée internationale des droits des femmes, ont ainsi dénoncé les inégalités salariales, mais aussi les violences sexistes et sexuelles.
Les manifestants ont répondu à l’appel de 37 associations, syndicats et collectifs féministes. À Paris, selon l'AFP, 30.000 personnes ont participé à une "marche des premières de corvées", entre Port-Royal et République, pour dénoncer les inégalités renforcées par la crise sanitaire. Sur la place de la République, à Rennes, 1.700 manifestants ont appelé à une "grève féministe". Dans les allées Jean Jaurès de Toulouse, enfin, ce sont 3.800 participants, selon la préfecture, qui se sont rassemblés pour l’occasion.
"Il faut que ce soit le 8 mars 365 jours par an"
"Il faut que ce soit le 8 mars 365 jours par an", s’insurge Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’union départementale de la CGT du Nord. S’il affirme qu’il y a encore "un long chemin à faire", il se dit quand même satisfait de la participation nordiste. À Lille, 500 personnes se sont rassemblés sur la place de la République, selon le décompte effectué par l'AFP. L’événement a commencé à 15h40, heure théorique dans une journée où les femmes cessent d’être rémunérées, compte tenu de l’écart moyen de salaire avec les hommes.
Valérie Grundt, du collectif femmes mixité de la CGT, revient justement sur l’impact de la crise sanitaire sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Outre les différences de salaire, elle revient sur "la charge mentale que subissent les femmes avec la crise sanitaire". Avec l’extension du télétravail, "les femmes doivent aussi s’occuper de tout, de la maison, des enfants… C’est de plus en plus pesant".
"On sent le ras-le-bol", reprend Mathias Wattelle, secrétaire général de l’union locale de la CGT de Lille. Il évoque "les premières de corvées, les métiers "à dominance féminines", comme les sages-femmes mais aussi les techniciens de surface ont fortement été mobilisés pendant la crise sanitaire."
D’ailleurs, environ 80 sages-femmes se sont jointes au mouvement, selon les co-organisateurs Aude Lesage et Pierre Gibert, tous les deux sages-femmes. Ils militent pour une meilleure reconnaissance de leur profession "essentiellement féminine, qui ne s’occupe que des femmes". À Strasbourg, une centaine de sages-femmes (sur 350 participants), se sont aussi mêlées au rassemblement. Pour l’occasion, elles se sont habillées en "servantes écarlates", en référence aux personnages de la romancière Margaret Atwood, esclaves sexuelles dans une Amérique dystopique.
Sur la place de la République de Lille, les discours ont pris fin, et la musique et l’ambiance festive ont repris le dessus. L’occasion de discuter avec les participantes. Manon, présidente de l’association féministe Bon chic bon genre, à Sciences Po Lille, est venue "en tant que citoyenne". Elle tient à souligner la culture patriarcale, dénonciation selon elle trop absente des discours entendus lors du rassemblement. "On parle beaucoup d’égalité salariale, mais pas du tout du reste", explique-t-elle. "Il faut aller plus loin, parler de la culture du viol ou du sexisme ordinaire", ajoute celle qui tient une pancarte #SciencesPorcs, en référence aux récentes dénonciations de violences sexuelles dans les Instituts d'études politiques, partout en France.
Alice Roy, étudiante en biologie, participe à sa deuxième manifestation. Pour l’occasion, elle a fabriqué une pancarte : "Lève les yeux, tu es merveilleuse". "Je me suis rendu compte qu’il fallait se bouger les fesses", conclut-elle, tout sourire.
Brianne Cousin
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